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La famille impériale d'Autriche

L’occupation des différents pays d’Europe par l’Allemagne nazie force à l’exil plusieurs Européens, dont les membres de la famille impériale d’Autriche. C’est en 1918, lorsque la Première Guerre mondiale prend fin, que l’impératrice Zita et son mari l’empereur Charles 1er voient l’empire austro-hongrois disparaître et remplacé par des républiques indépendantes. Comme l’empereur ne veut pas abdiquer, il est forcé de s’installer avec toute sa famille à l’île de Madère, où il meurt en avril 1922.

Après avoir vécu en Espagne quelques années, l’impératrice choisit de s’installer en Belgique en 1929, afin que ses aînés fassent leurs études à l’Université catholique de Louvain. Le 9 mai 1940, la famille impériale est réveillée par un appel du souverain Belge Léopold III qui les avertit de l’attaque éminente des Allemands. La famille réussit à fuir à temps. Ils traversent la Belgique, la France, l’Espagne et se retrouvent au Portugal où la décision est prise de se réfugier aux États-Unis. L’archiduc Othon, l’aîné des garçons, y a séjourné quelques mois auparavant et il a rencontré le président américain Roosevelt, qui l’a reçu selon les honneurs dus à un chef d’État. Les États-Unis délivrent rapidement des visas américains à toute la famille impériale et à leur suite. À l’été 1940, ils arrivent aux États-Unis et s’installent dans le Massachusetts. Les aînés de la famille, Othon et Félix poursuivent alors leur action politique auprès du gouvernement américain pour la libération de l’Autriche et des pays d’Europe. Leur sœur aînée, Adélaïde qui est diplômée en sciences sociales de l’Université catholique de Louvain, n’a aucune difficulté à se trouver un emploi de travailleuse sociale à Harlem à New York et enseigne également la sociologie à l’Université Fordham. Quant à Robert, le second fils, il est à Londres.

Les quatre plus jeunes enfants de l’impératrice, qui ont dû interrompre leur scolarité en Belgique, doivent reprendre leurs études. La famille se tourne alors vers Québec et l’Université Laval, où les enfants pourront poursuivre leur scolarité en français et dans un environnement catholique. De plus, le doyen de la Faculté de philosophie, Charles De Koninck est un ancien professeur de l’Université catholique de Louvain et la jeune École des sciences sociales, politiques et économiques a déjà bonne réputation. Des démarches sont tout de suite entreprises auprès des autorités canadiennes et du clergé québécois pour la venue de la famille impériale. La villa St-Joseph appartenant aux Sœurs de Ste-Jeanne d’Arc à Sillery leur est gracieusement prêtée et c’est en octobre 1940 que la famille impériale et leur suite arrivent à Québec.

La comtesse Kerssenbrock, gouvernante des enfants impériaux, rencontre alors le père Georges-Henri Lévesque pour discuter de l’inscription des archiducs Charles-Louis et Rodolphe ainsi que de l’archiduchesse Charlotte à l’École des sciences sociales, politiques et économiques. Elle demande au père Lévesque que les étudiants royaux puissent s’asseoir en avant de la classe et qu’on  s’adresse à eux avec les titres de Monseigneur et Madame. Le père Lévesque lui fait remarquer qu’étant dans un pays démocratique, il ne peut accéder à ces demandes et qu’en plus celles-ci  pourraient nuire à l’intégration des jeunes nobles. La comtesse acquiesce finalement aux arguments du père Lévesque. Les jeunes s’intègrent donc à leur milieu universitaire et aux étudiants québécois et participent régulièrement à plusieurs activités organisées par l’Association étudiante de l’Université Laval. Ils seront même reconnaissants au père Lévesque de les avoir considérés comme n’importe quel étudiant de son École.

Les enfants de l’impératrice entament donc leurs études dès l’année scolaire 1940-1941 et pour combler leurs lacunes en humanité, ils suivront des cours privés en philosophie avec le doyen Charles De Koninck. La jeune archiduchesse Élisabeth termine quant à elle son cours secondaire au Collège Jésus-Marie de Sillery, avant de s’inscrire, elle aussi, à l’École du père Lévesque. Charles-Louis obtient sa licence en sciences sociales en 1942. Rodolphe termine un baccalauréat en sciences sociales et diplôme en 1943, la même année que sa sœur Charlotte qui elle obtient une licence en sciences sociales. Élisabeth obtient aussi une licence en sciences sociales en 1944 et l’année suivante, un diplôme en service social.

À l’automne 1942, le gouvernement canadien lance un appel aux étudiants à travers le pays pour aider les fermiers de l’Ouest canadien aux récoltes du blé. Plusieurs étudiants de l’Université Laval répondent à cet appel pour l’effort de guerre, notamment ceux de l’École des sciences sociales et  parmi eux, l’archiduc Rodolphe d’Autriche. 

Après avoir obtenu leurs diplômes de l’Université Laval, les archiducs Charles-Louis et Rodolphe quittent Québec et rejoignent leurs frères aux États-Unis où ils s’enrôlent dans l’armée américaine. À la demande de leur frère aîné Othon, ils sont envoyés en Europe où ils vont joindre le mouvement de la résistance autrichienne. Les archiduchesses vont, elles aussi, quitter Québec après l’obtention de leur diplôme. Elles rejoignent leur sœur aînée à New York et trouvent un emploi de travailleuse sociale dans le quartier Harlem. L’impératrice Zita reste à Québec, entourée de ses dames de compagnie, de sa mère la duchesse Maria Antonia de Bourbon-Parme et de sa sœur, la princesse Isabelle de Bourbon-Parme. Elle participe aussi à l’effort de guerre en sollicitant des groupes de charités et en organisant des envois aux victimes de la guerre en Europe. Elle quitte finalement Québec pour rejoindre ses enfants aux États-Unis un peu avant Noël 1949. Tous les membres de la famille impériale d’Autriche retourneront vivre en Europe au cours des années 1950.

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