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Fin du décanat / Maison Montmorency

En 1955, le Conseil universitaire instaure un nouveau règlement qui limite la durée des décanats à deux mandats consécutifs de quatre ans. Directeur de l’École des sciences sociales, politiques et économiques pendant cinq ans et doyen de la Faculté des sciences sociales depuis 1943, le père Lévesque est sans cesse reconduit dans ses fonctions par les autorités de l’Université Laval. Et ce, malgré les pressions du gouvernement de Duplessis qui exige depuis plusieurs années la démission du doyen de la Faculté des sciences sociales. Le père Lévesque veut décider du moment de son départ; il profite donc de ce règlement pour quitter ses fonctions de doyen et passer le flambeau à son successeur, Jean-Marie Martin. Comme il doit terminer son mandat en juin 1956, il décide plutôt de donner sa démission en août 1955, car son ordre vient de le nommer supérieur de leur nouvelle acquisition, la Maison Montmorency. Toutefois, le père Lévesque conserve sa charge de cours, comme professeur titulaire à la Faculté.

Les affrontements entre le premier ministre Duplessis et le père Georges-Henri Lévesque se poursuivront, même après que le père ait quitté la Faculté des sciences sociales pour continuer son œuvre sociale comme fondateur et supérieur de la Maison Montmorency. En effet, de 1955 à 1962, le dominicain est à la tête d’un centre culturel, social et religieux pour les étudiants dominicains, mais aussi ouvert aux coopérateurs, aux syndicalistes, aux politiciens et aux dirigeants de différents milieux. Ceux-ci y viennent pour bénéficier des conseils du père Lévesque, mais aussi pour se réunir, réfléchir et discuter. 

À l’aube de la Révolution tranquille, c’est à la Maison Montmorency que se réunit fréquemment l’équipe des libéraux de Jean Lesage. D’ailleurs, c’est auprès du père Lévesque que René Lévesque viendra prendre conseil, au moment où les libéraux l’invitent à se lancer en politique active, au début des années 1960. La rencontre des deux Lévesque remonte à l’Université Laval, lorsque René Lévesque, alors inscrit à la Faculté de droit, assiste à des cours de la Faculté des sciences sociales, à titre d’auditeur libre. Ainsi, lorsque le futur premier ministre expose ses doutes à entrer en politique au père Lévesque, ce dernier lui dira : «Dépêchez-vous, ce qui se passe c’est une révolution. Il ne faut pas la laisser échapper !»

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