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Les premiers professeurs de l'École

La volonté du père Lévesque d’offrir une formation de base dans toutes les disciplines permet à ses étudiants d’avoir une conception globale des sciences sociales et de favoriser les échanges entre eux. D’ailleurs, après l’instauration des départements, il crée un cercle d’études regroupant les étudiants de la Faculté. Ceux-ci doivent se pencher sur un problème social particulier du Québec, en amenant chacun le point de vue de sa discipline des sciences sociales. 

Afin d’offrir cette formation globale et scientifique, le père Lévesque doit trouver des spécialistes qui accepteront une charge d’enseignement. Cependant, l’École dispose de faibles ressources financières pour l’engagement de professeurs réguliers. 

L’un des premiers professeurs recrutés est l’économiste Paul-Henri Guimont, chaudement recommandé par les trois prêtres-professeurs qui ont aidé le père Lévesque dans la création de son École. Guimont est diplômé de l’École des hautes études commerciales de Montréal et il possède une maîtrise en sciences économiques de l’Université Harvard. Outre sa charge de professeur et la gestion de son bureau d’affaires, il devient vite le bras droit du père Lévesque dans l’organisation et l’administration de l’École. C’est ce professeur qui est chargé des relations avec la trésorerie de l’Université et d'amasser des fonds en sollicitant divers regroupements tels que les Chevaliers de Colomb.

Par ailleurs, comme toute vie sociale évolue dans un cadre juridique, le père Lévesque doit recruter des juristes pour venir enseigner le droit civil et la législation sociale et industrielle. Il convainc donc les avocats Louis-Philippe Pigeon et Marie-Louis Beaulieu de se lancer dans l’enseignement. Bien qu’ils n’aient aucune expérience, ces deux nouveaux professeurs se font rapidement une bonne réputation auprès des étudiants. La rumeur se répand parmi les étudiants de droit. Ceux-ci ne sont pas autorisés à venir suivre les cours de l’École des sciences sociales, mais réussissent à se faufiler dans les cours des deux juristes. Si bien que la Faculté de droit va proposer quelques années plus tard aux deux avocats de venir grossir les rangs de son personnel enseignant.

La Deuxième Guerre mondiale favorise la venue à l’Université Laval de quelques professeurs européens. Notamment, le père Thomas Delos, éminent sociologue et ancien professeur du père Lévesque à l’Université catholique de Lille. Après la défaite française de juin 1940, le père Delos se réfugie au monastère dominicain de Toulouse, en zone libre. C’est là que le père Lévesque le retrouve et l’invite à venir enseigner à son École. Après des démarches compliquées auprès des autorités françaises et canadiennes, le père Delos arrive à Québec à l’automne 1940. Il enseigne la sociologie générale et la sociologie internationale, de janvier 1941 au printemps 1944. Très apprécié des étudiants, le sociologue français aura laissé sa marque sur certains d’entre eux, notamment dans leurs futurs travaux de recherche. Le père Delos amène également au sein du milieu universitaire, une ouverture sur les études internationales et sur les problèmes mondiaux qui caractériseront la Faculté des sciences sociales.

CRÉDITS